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REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°19

Curiosités : vie locale
Enfant Exposé
Avis divers
Géographie
Médecine Vétérinaire
Fête Républicaine
Notes :Extraits du Portefeuille des Dames

La fête des époux

Variétés
La fête des époux a été célébrée avec beaucoup de pompe ; l’autel de l’hymenée
était placé au milieu de la salle décadaire ; des fleurs et des fruits étaient
l’heureux emblème des divers genres de félicité qu’offre dans l’union conjugale
l’amour à la vertu. Les bustes des épouses les plus illustres dans l’histoire,
peints de la main du professeur de dessein (sic) près l’école centrale, étaient
placés autour. Tant de mères qui font les délices de leur ménage et l’ornement
de la société, y eussent reçu des hommages, et le citoyen vertueux, impatient de
les y applaudir, reprochait à un grand nombre leur absence.
PfD N° 5, 20 Floréal an 7, p. 2 du supp.

Commentaire : Je crains, à la lecture des derniers mots, que la condition
conjugale ne faisait pas le bonheur de tous.


A vendre :
La maison chef-lieu de Comporté, située entre Ruffec et Civrai, sur la Charente,
consitante en un superbe et spacieux corps-de-logis bâti à la moderne, bâtimens
ruraux, etc., etc. Plus une auberge sur la grande route de Civrai, 70 boisselées
de près, 87 boisselées de bois, 7 boisselées de vigne, un beau jardin bien
meublé d’excellens arbres fruitiers, qui, avec l’enclos, contient 14 boisselées
mesure de Civrai. S’adresser, pour le prix et les conditions, au citoyen
Celtors, en ladite maison de Comporté.
PfD N° 8, 20 Prairial an 7, p. 2 du supp.

Commentaire : C’est oú ?


L’enfant perdu

AVIS
On réclame, pour le légitimer, un enfant mâle, que l’on croit être chez un
marchand de cette ville en qualité de facteur. Cet enfant fut mis à la boîte à
Saintes, dans le cours du mois de novembre 1782, ou le 3 octobre même année
(cette dernière date est plus certaine) ; il doit se nommer Elie. Il fut déposé
à la dite boîte, entouré de trois aunes de laveur couleur rose, pour marque
distinctive. Le père et la mère sont mariés ensemble, n’ont point d’enfans
depuis leur mariage, et jouissent d’une fortune honnête. Le père est notaire
public. S’adresser au citoyen Vallantin, marchand à Poitiers, rue des ci-devant
Cordeliers, qui donnera tous les renseignemens nécessaires.
PfD N° 8, 20 Prairial an 7, p. 2 du supp.

Commentaire : Que fait-on ? On rit, ou on pleure ? Même un notaire aisé met son
enfant unique à l’hospice ! Quelle histoire familiale se cache dans cette
annonce ?


Extraits des Affiches du Poitou

Trépanation bovine

Extrait d’une Lettre écrite de Réaumur.
Je crois, M., devoir vous faire part d’un fait assez extraordinaire, qui
intéresse l’économie rustique, & dont j’ai été témoin. Il s’agit d’une opération
singuliere faite à un veau d’un an, attaqué de vertige depuis trois semaines.
Cet animal ne pouvoit manquer de périr ; il maigrissoit à vue d’œil, sa tête
étoit pesante, il tournoit fréquemement, avoit des isntatns convulsifs & tomboit
quelquefois. Cette maladie étoit connue ; peut être que le remede qu’on vient
d’y opposer avec succès, est connu dans d’autres contrées ; peut-être a-t-il été
enseigné par nos Ecrivains vétérinaires & pratiqué par leurs élèves ; mais
peut-être aussui est-il ignoré de quelques-uns de vos Lecteurs. Vous rendrez
service à la société, en le publiant dans votre Feuillle, destinée à répandre
dans cette Province des connoissances utiles. On commence par jeter l’animal à
terre, si on ne prend pas le moment oú il est tombé ; on s’en rend maître, on le
tient dans l’attitude naturelle à un veau couché dans l’étable, ayant ses jambes
sous lui ; sa tête est droite ; ensuite on la lui perce avec une petite tariere
au milieu du front, environ deux pouces en dessous de l’encornure. L’opérateur
s’arrète dès qu’il apperçoit suinter un peu d’eau ; aussitôt il y introduit
prudemment une espece d’aiguille de bois leger, terminée par un crochet ; il
tourne cette aiguile, jusqu’à ce qu’il sente qu’il accroche quelque chose ; il
tire doucement, & il amene une petite poche, dans laquelle on trouve des vers
naissants, ayant la forme, la couleur & la consistance de cette ordure que les
mouches déposent sur la viande, & qui précipite sa corruption. Ensuite on met de
la poix sur la plaie, un linge & une petite latte que l’on serre bien avec une
corde, & que l’on laisse quelque temps ; l’animal est soulagé sur le champ & se
trouve bientôt guéri. Quelques personnes rasent le poil autour de la plaie pour
que la compresse s’applique mieux ; cela est inutile & fait tort à la vente ; on
soupçonne que l’animal a eu cette espece de trépan, qui s’appelle « Everter ».
J’ai vu faire deux fois cette opération depuis six mois, par un nommé Marquis,
paysan, de la Paroisse de Chavagne-Enparais, à trois lieues de ce bourg. Une
pareille expérience devroit être suivie & étudiée. J’ajoute que chaque fois, il
n’est pas sorti une goutte de sang.
Affiches du Poitou, n° 17, du 29 avril 1773, page 67


Le Plisson du Poitou

Note pour les Friands.
Notre Province fournit aussi un article à l’Art Culinaire ; l’Encyclopédie veut
bien le citer d’après le Dictionnaire de Trévoux, & nous allons le consigner
dans notre Feuille.
Plisson de Poitou. « C’est un mets fort délicat, qui se fait avec du lait & de
la crème. On prend une pinte de crème nouvele que l’on mêle avec une terrinée de
lait frais tiré ; le tout bien remué on le laisse reposer quelques heures dans
un lieu frais, puis on le met sur le feu pendant une demi-heure sans bouillir &
on le remet encore au frais pendant trois heures. Ensuite on le met sur le feu
un bon quart d’heure, puis on le fait refroidir pendant trois heures ; après
cela on le remet un quart d’heure sur le feu, d’oú on le retire pour le laisser
refroidir. Pour lors il se forme un plisson dessus, épais de trois doigts ; on
le leve & on le saupoudre de sucre. Il faut pendre garde, dans toutes ces
opérations, de les faire si promptement, que le plisson qui forme ne se rompe
pas en remuant la terrine. Voilà ce qu’on appele Plisson de Poitou. »
Affiches du Poitou, n° 18 & 19, du 6 Mai 1779, page 71


Le généreux curé

Exemple louable de désintéressement & de générosité.
Un Ecclésiastique n’ayant pour tout bien que le revenu très-modique d’une Cure
de la campagne, dont il est titulaire, à lieues de Châtelleraud, avoit à
répéter contre un particulier de la même Ville plusieurs années d’arérages d’une
rente fonciere ou légat dû par lui à sa Cure. Après plusieurs demandes amiables
infructueuses, le Curé est obligé d’en venir à une demande Judiciaire.
L’assignation donnée fut suivie lentement, le débiteur promettoit souvent de
payer. Après cinq ans de patience & de délai, le créancier obtient Sentence &
fait exécuter le débiteur. Celui-ci dans cet intervalle étoit devenu paroissien
de son créancier ; pour éviter l’enlèvement de ses meubles, il paye les frais de
l’exécution entre les mains du porteur de pieces, & va offrir à M. le Curé le
principal de sa dette en lui demandant remise des intérêtes. Ces deux objets
formoient une somme d’environ 82 #. M. le Curé est ému de sa situation, &
regrétant de lui avoir fait de la peine, quoiqu’il en eût le droit après tant
d’indulgence, il lui fait remise & des intérêts & du principal. J’occupois pour
M. le Curé dans cette afaire ; il me fit part sur le champ de son intention pour
cesser les poursuites. Voilà la lettre qu’il m’a écrit à cette occasion ; elle
montre son bon cœur & son désintèressement. Je vous prie, M., de la publier. Un
procédé aussi généreux ne peut qu’inspirer beaucoup d’estime pour elui qui en
est l’auteur. C’est étendre l’empire de la vertu que d’en annoncer des exemples
« Lorsque je commençai l’afaire, mon débiteur n’étoit ni mon voisin, ni mon
paroissien ; il est aujourd’hui l’un & l’autre ; je lui dois des égards. J’ai
été certainement plus fâché que lui du parti extrême qu’il m’a forcé de prendre,
sur tout dans un temps oú il avoit dû reconoître de ma part beaucoup d’honêteté
& de modération. Aussi pour réparation, je lui fais le sacrifice de tout ce
qu’il me doit jusqu’à ce moment. Je m’estimerai heureux si ce nouveau
témoignagne de ma bonne volonté peut éfacer l’impression désagréable que cette
exécution peut lui avoir donné contre moi mal-gré moi-même. Je souhaite que tous
vos clients, en semblable cas, traitent aussi bien leurs débiteurs. »
(A Châtelleraud, 16 Avril 1778.) Signé, Faulcon de Marigny, Procureur à la
Sénéchassée.
Affiches du Poitou, n° 18, du 30 Avril 1778, page 81


Bressuire

Mémoire sur la ville de Bressuire.
La ville de Bressuire n’est plus ce qu’elle a été autrefois. Cependant il est
peu fair mention d’elle dans l’histoire. Je ne connois que Guyard de Berville,
qui en parle dans l’histoire du célèbre Duguesclin, tome 2. page 302. Il dit
qu’en 1371, elle étoit une ville très-considérable par le nombre & a richesse de
ses habitants, par la bonté de ses fortifications & sur-tout du Château. Elle
avoit un Gouverneur, une Garnison de 600 hommes, & soutint un Siege dans les
formes ; les Anglois en étoient maîtres. Duguesclin la prit d’assaut & par
escalade ; toute la Garnison fut passée au fil de l’épée ; la ville fut pillée
par le soldat qui y fit un riche butin. Le Château craignant le même sort de la
part d’un Général dont la valeur avoit comme enchaîné la victoire à la suite de
ses armes, capitula & se rendit. Il étoit flanqué de proche en proche de bonnes
Tours ; les restes qui en existent annoncent qu’il dut être aussi magnificque
que bien fortifié.
Cependant la Tour ou Clocher de l’Eglise de Notre-Dame, est un monument
remarquable dans cette Province ; son élévation, sa solidité, le fini de son
travail, le font regarder par les connoisseurs, comme un morceau d’Architecture
très-curieux, l’Eglise peut également attirer les regards. Elle est construite
solidement, le Chœur en est beau, tout le vitrage est peint en entier, aucune
figure n’est dégradée, la vivacité des couleurs est toujours la même. Il y a
lieu de croire que l’Eglise et le Clocher ont été construits par les Anglois,
qui ont possédé si longtemps cette contrée. On voit encore au pied de la Tour,
une longue inscription, dont les caracteres sont tellement altérés, qu’il n’est
pas possible de distinguer dans quelle langue elle fut écrite. Il y a aussi dans
cette ville une paroisse dédiée à St Jean ; un Couvent de Cordeliers, un Couvent
de Religieuses de l’Ordre de St François ; & un Hôpital. Elle est du Diocese de
la Rochelle, & de l’Election de Thouars.
Les malheurs de la guerre, la misere des temps, les causes générales de
dépopulation, ont réduit cette ville à un état de décadence très fâcheux.
L’enceinte de ses murs, dont les rstes ne servent, avec de fréquentes
réparations, qu’à assurer les deniers du tarif, rappelle toujours à nos regrets
qu’elle fut capable de contenir une cité nombreuse. Je n’oserois par porter le
nombre de ses habitants à trois mille ; il dut être au moins triple autrefois ;
des jardins, des près, des champs, sont oú étoient des maisons ; quelques-unes
sont récemment écroulées & abandonnées ; d’autres sont inhabitées & subiront
vraisemblablement le même sort. (Le reste à l’ordinaire prochain.)
ADP, n° 18, du 6 mai 1773, page 70

Fin du Mémoire sur la Ville de Bressuire.
La cause de cet abandon, de cette désertion est inconcevable ; il n’y a
peut-être pas de ville en Poitou, oú la vie soit à meilleur marché ; on y est
logé très bourgeoisement pour 60, 70 à 80 # par an ; le pays produit toutes les
denrées nécessaires ; les marchés sont bien fournis. Cette ville peut être
regardée comme un des bons greniers du Poitou ; les Blatiers d’Oirvaud, Thouars,
Argenton, St Varans, & de toutes les plaines des environs, y viennent touts les
Jeudis, remplir nos Halles pour les besoins de la ville & de la campagne, &
surtout de la partie du Bas-Poitou qui avoisine la Bretagne. Malgré ces moyens,
malgré ces différents débouchés, on est étonné d’avoir vu depuis cinq ans le
bled toujours un peu plus cher que dans les marchés voisins. Nos foires, au
nombre de 9 par an, sont également bonnes, sur-tout pour le bétail à cornes, qui
y abonde. Nos marchés, pendant plus de six mois de l’année, sont des especes de
foires pour le même bétail ; les Vassaux du Seigneur ont été invités il y a
quatre ans d’y en amener. L’utilité & la facilité de ces mêmes marchés, les ont
comme naturellement institués, & y attirent successivement un plus grand nombre
de vendeurs & d’acheteurs, Nous espérons que le bétail deviendra une des
principales branches du commerce du pays ; lorsque l’Agriculture améliorée,
encouragée, ajoutera à tous les moyens naturels qui peuvent la favoriser, en
étendant tout ce qui y a rapport. Il se trouve aussi à ces foires, des chevaux &
des cochons. Nous avions autrefois un grand nombre de métiers, oú on faisoit une
étoffe de laine sur fil, connue sous le nom de Tirtaine, qui sert au vêtement du
peuple de la contrée, & que l’on porte au foires de Caen & de Guibrai ; cette
manufacture est bien tombée sur la cherté des laines, sur-tout par une
banqueroute considérable dans laquelle presque tous les fabriquants de la ville
& des environs se sont trouvés enveloppés. Nous desirons fort qu’elle se
rétablisse ; nous faisons les mêmes vœux pour voir augmenter le nombre des
habitants, car la population ne peut résulter que du travail & de l’aisance qui
le produit. Nous avons un College qui commence à y attirer quelques peres de
familles, pour procurer, à de moindres frais, de l’éducation à leurs enfants. Ce
College augment chaque jour la confiance & la considération dont il jouit depus
long temps. C’est une ressource pour les Citoyens.

ADP, n° 19, du 13 mai 1773, page 74





REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°20

Curiosités : Maternité
Conscrits
Avis divers
Notes :Extraits des Affiches du Poitou

Les conscrits de Voulême

Des environs de Chaunay, 7 Mai.
Le fait suivant peut servir à prouver que les paysans, quoique grôssiers, sont
susceptibles de sentimens & d’humanité. Les jeunes gens de la paroisse de
Voulême, près Sivray, réunis avec ceux de deux paroisses voisnes, étoient
assemblés dernièrement pour tirer au sort & fournir un Soldat Provincial. Dans
le nombre se trouvoient deux garçons, fils de deux femmes veuves qui avoient
plusieurs autres enfans en bas âge. Elles n’étoient point, aux termes de la loi,
dans la classe de celles qui peuvent exempter leur fils aîné. Cependant elles se
trouvoient dans une position à ne pouvoir s’en passer. Toute la paroisse le
sentoit ; aussi les garçons sujets au sort ne balancerent-ils pas à proposer
d’eux-mêmes au Commissaire chargé de faire le tirement, de soufrir que le nombre
des billets qu’on alloit plier, on en otât deux blancs pour ces deux garçons,
dont les bras étoient si utiles à leurs familles. Le Commissaire s’y prêta
d’autant plus volontiers, qu’il ne contrevenoit pas lui-même aux ordres du Roi,
puisque le même nombre fixé pas la loi, fourniroit un Soldat Provincial. Ce
fait, M., est trop digne d’admiration pour n’être pas consigné dans vos
Feuilles, qui doivent être le dépôt de tout ce qui peut contribuer au bien & à
l’honeur de cette Province.
Affiches du Poitou, n° 20, du 16 Mai 1776, page 79



Les Jousserant de Lairé

AVIS DIVERS
Mademoiselle de Jousserant de Lairé, près Civray, a été mariée le 21 du mois
dernier avec M. de Jousserant de la Voularnie, son parent au quatrieme degré.
Elle étoit fille unique ; & par ce mariage le Château de Lairé, qui depuis plus
de 800 ans, est possédé par les Jousserants, va se conserver dans cette famille.
C’est la troisieme fois qu’une pareille alliancce a empêché qu’il n’en sortit.
La maison de Jousserant est une des plus anciennes maisons du Poitou ; elle est
alliée de celles de la Rochefoucault, de Laval, de Saint-Georges-Vérac, &c. Elle
subsiste actuellement en quatre branches ; celle de M. de Jousserant de Lairé,
celle de M. de Jousserant de Puyreau, Conseiller au Conseil Supérieur de
Poitiers ; celle de M. de Jousserant de la Voularnie ; & celle de M. de
Jousserant de Lachaud. Un de leurs Auteurs étoit Gouverneur du Château de
Civray, sous le règne de Henri IV.
ADP, n° 19, du 13 mai 1773, page 76


Rectificatif :

On nous a prié de dire que l’énonciation donnée en dernier lieu, dans notre
feuille du 17 Mai, des quatre branches existantes de la Maison de Jousserant,
n’étoit pas exacte, relativement à l’ordre dans lequel chacune doit être
placée….
ADP, n° 23, du 10 juin 1773, page 92





La fausse future mère
SOCIÉTÉ

Vos Feuilles, M., ne sont pas uniquement faites pour répandre des vérités utiles
; elles doivent encore servir à préserver des effets de l’imposture, & de
l’erreur ; vous connoissez l’amour du peuple pour le merveilleux, & vous savez
combien de gens de toute espece font malheureusement partie du peuple à cet
égard.
Une femme de l’âge de 30 ans, habillée en paysane, acompagnée de son mari nomé
le Blanc, Journalier, âgé de 35 ans, parcourt cette Province pour montrer aux
Curieux un Phénomène fort singulier, s’il étoit vrai.
Elle annonce qu’elle est enceinte depuis vingt trois mois, & cherche à persuader
que son enfant est vivant ; elle se fait toucher & visiter par tous ceux qui en
ont la curiosité ; on sent & on apperçoit son ventre remuer ; on est d’abord
tenté de croire que ce sont les mouvements de son enfant. Plusieurs Chirurgiens
de différens endroits ont été les dupes de cette femme, & ont contribué par
leurs récits à augmenter la crédulité.
Elle vint ici il y a 15 jours, & se présenta à un jeune Chirurgien qui a des
connoissances, mais qui n’en a pas assez pour se prémunir contre l’erreur. Il
avoit lu dans différens Auteurs de Médecine, toutes les Histoires de ce genre &
plus singulieres encore, dont ils sont pleins, & que je crois inutile de
rappeler. Il croyoit toutes ces Histoires ; il crut également celle ci ; il ne
douta pas que cette femme ne fût éffectivement grôsse de 23 mois ; il forma en
conséquence le projet de lui faire une incision & de tirer son enfant ; il lui
fit promettre de revenir dans huit jours ; lui dit qu’il lui feroit l’opération
en présence de ses Confreres, lui donna de l’argent, & promit de lui donner
encore lors de l’opération.
Il visita pendant ce temps ses Confreres, tant de la ville que de la campagne,
tâcha de faire passer dans leur esprit l’erreur qui le séduisoit, & les invita à
l’opération ; il leur annonça même qu’il alloit travailler à une dissertation
qui mettroit fin à la discution qui s’éleva il y a quelques années au sujet des
naissances tardives, laquelle dissertation seroit la consolation des veuves & la
terreur des collatéraux.
La femme ne manqua point d’ariver la veille du jour indiqué ; le Chirugiens
s’assemblerent le lendemain ; elle parut devant eux avec une contenance ferme, &
leur dit qu’elle étoit disposée à tout ce qu’ils voudroient, mais qu’elle
espéroit qu’ils commenceroient par lui faire la charité ; ils lui donnerent en
effet quelque argent, & ensuite ils l’examinerent ; quelques-uns furent séduits
par les mouvemens violens qu’il sentoien dans son ventre ; d’autres plus
instruits soupçonerent que ces mouvemens étoient volontaires, & que cette femme
ne cherchoit qu’à les duper ; un entr’autres fit entendre qu’il falloit lui dire
qu’elle étoit effectivement enceinte, & qu’ils alloient commencer l’opération, &
que sûrement la frayeur que ceci lui inspireroit, leur feroit découvrir la
fourberie ; en conséquence ils étalerent devant elle les instrumens nécessaires
; l’appareil l’étona ; elle dit pour lors qu’elle n’étoit pas confessée ; on lui
répondit que l’opération ne la feroit par mourir, qu’au surplus elle auroit
assez de temps pour le reconoître : elle repliqua qu’elle avoit mangé, qu’il
faudroit attendre qu’elle fût à jeun ; on lui répondit encore que ce n’étoit pas
un obstacle ; enfin elle dit qu’il conviendroit mieux qu’on lui fit l’opération
dans le cabaret oú elle étoit logée, parce qu’elle seroit plus près de son lit.
On feignit de la croire, & on lui dit qu’elle n’avoit qu’à s’y rendres & qu’on
l’y suivroit ; elle sortit, mais au lieu d’aller dans son cabaret, elle prit à
la hâte une autre route, s’enfuit avec l’argent qu’on lui avoit donné, & alla
chercher à tromper d’autres Chirurgiens. …
C’est pourtant dans le 18e siècle, & chez une nation éclairée, que l’on veut
ainsi en imposer à la multitude ! Il faut que ces femmes comptent bien sur
l’ignorance du Peuple & la douceur de l’Administration !
ADP, n° 19, du 12 mai 1774, page 78



REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°21

Curiosités : Accident
Histoire
Zoologie
Notes :Extraits des Affiches du Poitou

Les ivrognes Mœurs

ACCIDENT ET LECON
Un Laboureur d’un village de cette Province, entra il y a quelques jours dans un
cabaret ; il étoit déjà un peu ivre, & il y but jusqu’au dernier excès ; voulant
sortir de la chambre oú il étoit, il tomba du haut d’un escalier & se tua ; on
le porta sur un lit. Le Curé de la Paroisse, instruit de cet accident, confessa
peu d’instant après, un particulier d’un village voisin, qui étoit dans
l’habitude de s’enivrer, & qui ignoroit la mort tragique de cet ivrogne. Après
avoir fait à son pénitent les réprimandes les plus vives, sur un vice aussi
honteux, aussi avilissant, il le conduit sans lui dire pourquoi, au lit sur
lequel étoit étendu ce cadavre couvert de sang & de vin ; il ouvre tout à coup
les rideaux, & continue du ton le plus pathétique son Exhortation. Cet homme fut
si frappé de ce spectacle, qu’il pensa tomber à la renverse. Sa consternation
annonça sa honte & ses remords ; il est à croire que le souvenir de cette scene
pourra le corriger de son défaut. Il semble qu’on ne peut s’empêcher d’applaudir
à l’action du Curé. L’exemple grave profondément le précepte dans le cœur ; un
ancien Poëte l’a dit. Segniús irritant animos demissa per aurem, quam quoe sunt
oculis subjecta…. C’est ainsi que les Spartiates, employoient à la correction
des mœurs, les Ilotes, esclaves étrangers dont ils faisoient beaucoup d’usage
pour instruire la jeunesse, par la représentation des vices grossiers, comme
l’ivrognerie même, dont ils vouloient la préserver. Heureusement ce vice est
beaucoup moins commun qu’autrefois. On connoit l’Anecdote suivante ; Guy de
Rochefort, premier Président du Parlement de Bourgogne, en 1489, pressé par le
Procureur Général de la même Cour, de faire un Règlement pour empêcher les
buvettes, répondit : Bibat herus, bibat hera ; bibat servus cum ancilla, & pro
Rege & pro Papa ; bibant vinum sine aqua, & pro Papa & pro Rege, bibant vinum
sine Lege.
ADP, n° 20, du 20 mai 1773, page 78

Commentaire :
Mon latin n’est pas assez bon pour la première citation, par contre la seconde
est claire :
« Le maître boit, la maîtresse boit ; l’esclave boit avec la servante, et pour
le roi et pour le pape ; ils boivent du vin sans eau, et pour le pape et pour le
roi, ils boivent du vin sans loi. »

Mais après cette anecdote, j’ajouterai : « Nunc est NON bibendum » ! A la vôtre.



Drôle d’oeuf et perruches Zoologie Ste Hermine ; St Pierre d’Exideuil ;
Civray ; La Rochelle

HISTOIRE NATURELLE
Une servante de maison, à St Hermine, en Bas-Poitou, faisant denierement la
revue des nids de ses poules, trouva un œuf qui n’avoit pas eu le temps de se
former ; une portion s’écrasa dans sa main ; le lieu étoit sombre, elle
s’approche du jour pour le jeter dehors ; mais elle fut frappée de voir, que ce
qui étoit écrasé, n’étoit qu’une partie adhérente à un autre œuf qui étoit resté
entier. La curiosité la porta à examiner ce qu’elle venoit de jeter ; elle
apperçut que cet œuf écrasé répandoit un jaune bien formé, bien coloré, qui
étoit dans la membrane déchirée & attachée à l’autre œuf qui ne contient qu’un
blanc ; ils sont séparés l’un de l’autre par une pellicule creuse ou canal qui
communique de l’une à l’autre sphere, avec le germe qui passe du jaune au blanc
par le moyen de cette pellicule creuse. La partie déchirée paroit avoir été
aussi grosse que celle qui reste entière. On nous a fait remettre cet œuf
singulier ; nous le montrerons bien volontiers aux personnes qui seront
curieuses de le voir.
On voit au Château de la Bonardeliere, près Civray, un fait que nous croyons
fort extraordinaire sous notre climat, une Perruche qui a pondu quatre œufs ;
elle a, à la vérité, son mâle. Ces œufs ressemblent parfaitement à des œufs de
pigeonne, & on se propose de les faire couver par une pigeonne même. Nous
rendrons compte de l’issue qu’aura cette épreuve. Nous avons vu à la Rochelle,
une petite Perruche du Sénégal, grosse comme un moineau, qui, sans mâle, a fait
plusieurs œufs. Nous croyons même nous rappeller avoir donné deux de ces œufs à
M. de la Faille, membre de l’Académie Royale des Belles-Lettres & de la société
Royale d’Agriculture de la même ville, & Correspondant de l’Académie des
Sciences de Paris, lequel a un Cabine d’Histoire Naturelle, peut-être le plus
riche, le plus curieux & le mieux étendu qu’il y ait en Province, pour un
particulier. Tous les étrangers qui passent à la Rochelle, s’empressent de voir
ce Cabinet, & sont très-satisfaits quand ils l’on vu. M. de la Faille est
reconnu pour un grand Naturaliste ; il est Auteur de plusieurs Mémoires, tant
imprimés que manuscrits. M. d’Argenville, dans sa Conchiliologie, parle de lui
avec éloge & reconnoissance, & avoue qu’il doit beaucoup à ses lumieres dans
cette partie.
ADP, n° 20, du 20 mai 1773, page 79




Un agneau à deux têtes, la poule et le dindon
ZOOLOGIE

On écrit de Mortagne, en Bas-Poitou, qu’au mois de Février dernier, il est né
dans la métairie du Bois-Chabot, près St-Laurent-sur-Sèvre, un Agneau ayant deux
têtes bien formées, collées ensemble en position naturele, & présentant ainsi
deux bouches, quatre ieux & seulement deux oreilles ; il n’a vécu qu’un jour.
On écrit des environs de Melle, qu’au Château de la Groix-de-Chail, une poule
étant entrée dans une mue (cage) oú on tenoit un dindon renfermé, & cette poule
y ayant fait quelques œufs, on a remarqué que ce dindon se plaçoit sur les œufs,
lorsque la poule s’absentoit. On y a mis d’autres œufs, & on a empêché la poule
d’y revenir ; le dindon à continé de couver ; de 25 œufs, 22 ont réussi, & dans
ce moment, le dindon conduit, affecione, & clousse les poulets qui en sont nés,
comme feroit la poule elle-même.
ADP, n° 20, du 19 mai 1774, page 84



La mort du Roi
HISTOIRE

Extrait de la Gazette de France, du 13 Mai 1774.
Le Roi (LOUIS XV, dit le Bien-Aimé) est mort à Versaille le 10 de ce mois, âgé
de 64 ans & 3 mois, moins cinq jours, étant né le 15 Février 1710. Son Regne qui
a duré 59 ans, sera à jamais célèbre par le nombre de Victoires, par
l’acquisition de la Lorraine ; l’établissement de l’Ecole Royale Militaire ;
plusieurs Edifices consacrés à la Religion ; une grande quantité de Monumens
publics ; des Routes ouvertes dans tout le Royaume pour la facilité du commerce
; enfin par une protection éclatante acordée aux Sciences & aux Arts. Au milieu
de la douleur oú la France est plongée, elle ne trouve de consolation que dans
les vertus de son Auguste Successeur (LOUIS XVI,) & dans celles de la Princesse
son Epouse (MARIE-ANTOINETTE, ARCHIDUCHESSE D’AUTRICHE) que le Ciel a destinée à
faire le bonheur de la Nation.
ADP, n° 20, du 19 mai 1774, page 84


REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°22

Curiosités : Baptème
Centenaire
Notes :REVUE DE LA PRESSE ANCIENNE
N° 22

Bonne lecture, Alain

Extraits des Affiches du Poitou

Le Varech Industrie

Déclaration du Roi, du 30 Octobre 1772. Qui permet à tous Riverains des Côtes Maritimes de cueillir, ramasser & arracher le Varech. Cette Déclaration, qui indique la manière & les précautions convenables, a été adressée au Conseil Supérieur de Poitiers, oú elle a été enregistrée le 5 Mai 1773. Le Varech est aussi connu sous les noms de Vraix, Sar ou Couesmon ; c’est le Fucus maritimus vesiculos habens de Tournefort. Cette herbe est propre aux engrais des terres, & à faire de la Soude si étroitement nécessaire à la fabrication des verres à vitres. Une Déclaration du Roi, du 30 Mai 1731, avoit prescrit des formalités très-génantes pour la coupe de cette herbe ; elle l’avoit presque interdite, sous le prétexte qu’elle étoit regardée comme nécessaire au fray du poisson, au développement & à la nourriture du poisson du premier âge. Il a été reconnu par des Commissaires de l’Académie Royale des Sciences de Paris, envoyés sur les lieux, qu’il n’y avoit dans ces herbes ni fray, ni poisson du premier âge. On s’étoit encore faussement imaginé que la fumée du Varech, lorsqu’on le brûle, causoit des maladies Epidémiques, & nuisoit à toutes les especes de grains & de fruits. Depuis long temps on en fait de la Soude dans l’Amirauté de Cherbourg en Normandie. M. de Fontanes, Inspecteur des Manufactures de Nyort, Correspondant de la Société Royale d’Agriculture de la Rochelle, a essayé d’en faire sur les Côtes du Poitou, & il y a parfaitement réussi. M. de Valmont de Bomare, dans son Dictionnaire d’Histoire Naturelle, enseigne la maniere de la préparer. On coupe l’herbe quant elle est en sa parfaite grandeur, & on la laisse sécher au Soleil comme le foin, on la met en gerbe, puis on la fait brûler sur des grilles de fer, & calciner dans de grands trous faits exprès dans la terre, & bouchés, ensorte qu’il n’y entre de l’air que pour entretenir le feu. La matiere se réduit non-seulement en cendres, mais comme elle calcinée pendant long-temps, par un feu de reverbere, allumé dans le fourneau souterrain, ses parties s’unissent & s’accrochent tellement les unes aux autres, qu’il s’en fait une espece de pierre fort dure, qu’on est obligé de casser avec des marteaux. Elle sert, comme on l’a dit, à faire le verre ; on l’emploie aussi à faire du savon, à dégraisser les étoffes, & dans plusieurs préparations chymiques.
ADP, n° 21, du 27 mai 1773, page 81

Le baptême tardif Mœurs Loudun ; Messemé

Lettre écrite de Loudun, le 7.
Vos Lecteurs, M., vont être étonnés au récit de la cérémonie suivante. Elle est rare, elle est peut-être unique ; elle s’est faite le 2 de ce mois, dans la paroisse de Messemé, près cette ville. Par quelques considérations qu’il est inutile de dire ici, M. Dujon, Lieutenant des vaisseaux du Roi, au Département de Brest, Capitaine d’Artillerie au Régiment de Bayonne, étoit parvenu à l’âge de 33 ans, sans qu’on lui eût suppléé la cérémonie du Baptême, qui vient de lui être administrée dans la plus grand pompe. On partit du Château de Messemé sur les deux heures de l’après midi, pour se rendre à l’Eglise Paroissiale. L’Adulte étoit monté sur un Char attellé de six chevaux pavoisés de blanc. Le cortege étoit composé de quatre autres carrosses ; toute la Noblesse du pays y étoit. On descendit à la porte de l’Eglise, oú M. Chesneau, Curé, M. son Vicaire & plusieurs autres Ecclésiastiques l’attendoient. Il fut présenté aux Fonds Baptismaux par M. Dujon, Baron de Beauffay, son cousin germain, Capitaine de Grenadiers-Royaux au Régiment de Poitiers, qui fut son Parrain, & par Madame Dujon, sa petite niece, fille de feu M. le Marquis de Menou, Maréchal des Camps & Armées du Roi, qui fut sa Marraine. Le Parrain & le Filleul sont l’un et l’autre, Chevaliers de St Louis. Après la cérémonie ont revint dans le même ordre au Château, oú il y eu une Fête.
ADP, n° 21, du 27 mai 1773, page 83

Messemé : BMS - 1749-1773, p. 98 :
L’an mil sept cent soixante treize le deuxième jour du mois de mai les cérémonies du Baptême ont été supplées par moi curé soussigné à messire Dujon chevalier Seigneur de St Hilaire, Lieutenant des vaissaux du Roi, capitaine d’artillerie de la Brigade de Bayonne au département de Brest, chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis fils légitime de feu messire François André Dujon chevalier Seigneur de St Hilaire ancien officier au régiment de Luxembourg et de feue dame Marie de Fournes son épouse, né à Candes en Tourraine le vingt sixième jour de juillet de l’année mil sept cent trente sept et ondoyé par le Sr Desrues curé du dit lieu le deuxième jour d’aout de la même année par permission de monseigneur l’archevêque de Tours, comme il appert par l’extrait des registres de la dite paroisse collationné et délivré par le sieur Petit curé dudit lieu et certifié par monsieur l’abbé de la Coste vicaire général de Tours en datte du trente juillet mil sept cent soixante six. Le parrain a été Messire Gabriel Jacques François Dujon, chevalier Seigneur Barron de Baussay, chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis, capitaine des grenadiers royaux au régiment de Poitiers et la marraine dame Elisabeth de Menou, épouse de Messire Armand Gabriel Charles Dujon chevalier Seigneur de Meveillé, officier au régiment de Royale Cravate, lesquels parrain et marraine ont imposé le nom de Pierre au dit Seigneur Dujon en présence de plusieurs de ses parens et amis soussignés et non. Le mot feu deux fois interligne de l’autre part approuvé.
Signatures : … de St Martin de Tours - Mondion de Messemé - Dujon Baron de Beaussay - Messemé de Lusignan - Illisible - … de Mondion - Beauregard de Ma.. - Messemé - Pierre Dujon - Mondion - Menon Dujon - Chemeau curé.

Les centenaires Mœurs Fontenay

Lettre écrite de Fontenay, le 7.
Marie Libaud, veuve en troisiemes noces de Jean Thouard, Meûnier, est morte, il y a peu de jours, âgée de 107 ans, au village du Gros-Noyer, paroisse Notre-Dame de cette ville. Elle a conservé jusqu’à ce moment sa raison & une assez bonne santé. Elle laisse trois enfants, dont une fille âgée de 70 ans. Elle alloit encore l’année derniere, dans cette saison, avec cette fille, ramasser de l’herbe dans les champs pour nourrir une vache. Notre ville & les environs fournissent un assez grand nombre de vieillards depuis 90 jusqu’à 100 ans. Je connois à une lieue d’ici deux centenaires, qui se visitent assez souvent, quoique résidents assez loin l’un de l’autre. Je m’entretiens quelquefois avec eux, & j’y prends du plaisir. Leur mémoire est une chronologie curieuse, bonne à consulter sur les anciennes mœurs de la campagne, qui ont bien changé. J’ai connu deux autres vieillards, mari & femme, qui ont vêcu ensemble pendant 73 ans, dans l’union la plus tendre & la plus honnête. Puissent tous les mariages être aussi heureux & d’aussi longue durée ! Cette vieillesse ne peut être attribué qu’à la bonne conduite, au travail de ceux qu’elle rend remarquables, & encore au bon air & aux bonnes eaux de cette contrée…
ADP, n° 21, du 27 mai 1773, page 84

Le Juge de Melle (J. de la Fontaine)
CONTE Melle

6e Lettre à un de mes corespondants.
De tous ceux qui ont lu les Œuvres de la Fontaine, il n’en est peut-être aucun qui ne croie que son joli Conte, intitulé " le Juge de Melle ", est en entier le fruit de son imagination plaisante & ingénieuse ; le fond du Conte n’est cependant que le récit d’un fait réel. J’ai une copie de ce Jugement, qui a été faite sur un exemplaire imprimé qu’un de mes amis, Magistrat dans une ville de cette Province, possede dans son cabinet ; il a pour titre " Jugement des Buchette, rendu au Siege de Melle, le vingt-quatrieme Septembre 1644 ". Il paroît qu’effectivemnt un Juge de Melle, qui y est dénommé ainsi que les Parties, fit tirer celles-ci à la courte paile, ne sachant comment découvrir la vérité du fait dans leurs dénégations respectives, se défiant peut-être de la sincérité de l’une & de l’autre, & ne voulant pas apparemment exposer l’une d’elles au risque de faire un faux serment. Il craignoit de prononcer en faveur d’un fripon ; il préféra d’en charger le hasard ; il s’agissoit d’une pistole d’or d’Espagne de poids & trois pieces de treize sols six deniers legeres, qu’un particulier avoit présentées dans un cabaret pour en avoir la monoie en payant un écot de quatorze sols, & que la cabaretiere prétendoit n’avoir par retirées. Il faut que la Fontaine ait eu lui même une copie du Jugement, car la description faite dans son Conte est conforme au dispositif. Le Juge lui même tenoit les pailles entre ses doigts, & il fit jouer les Parties à croix & à ile à qui tireroit la premiere ; ce fut la cabaretiere qui gagna, & le Juge prononça en conséquence, déférant, dit-il, le Jugement de la Cause à la Providence Divine : on fit dans le temps ce Quatrain :
Barrole n’a rien fait qui vaille
……… en emporte le prix ;
Car par le moyen de la paille
Il n’a rien laissé d’indécis.
ADP, n° 21, du 26 mai 1774, page 91
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REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°23

Curiosités : Z-Contributeur Alain Texier GE86
Centenaire
Zoologie
Presse
Triplés
Géologie
Notes :REVUE DE LA PRESSE ANCIENNE
N° 23

Bonne lecture, Alain

Extraits des Affiches du Poitou

Carrière de marbre GÉOLOGIE St Pierre d’Exideuil ; Civray

M. le Marquis de Cerzé, Seigneur du Château de la Bonardelliere, en la Paroisse de Saint Pierre d’Exideuil, près Civray, vient de découvrir dans sa terre, une carriere de marbre, que l’on assure pouvoir être comparé au plus beau marbre de Grece & d’Italie. Nous n’avons point encore d’autres renseignements sur cette découverte précieuse, que nous nous empressons d’annoncer. On se souvient des mines d’antimoine & d’ochre, trouvées depuis peu dans le Bas-Poitou. Ainsi la Providence, toujours bienfaisante, nous offre de temps en temps de nouvelles richesses ; il n’est question que de creuser la terre.
ADP, n° 16, du 22 avril 1773, page 62

LETTRE A L’AUTEUR DES AFFICHES.
Vous desirez, M., des renseignements sur la découverte que M. le Marquis de Cerzé vient de faire dans sa Terre de la Bonardeliere, près Civray. Pour pouvoir vous en donner qui fussent exacts, je me suis transporté à la Carriere ; j’y ai vu une quantité de blocs de marbre, de différentes especes, dont les uns sont d’une seule couleur, blanche ou grise, car il y a de ces deux especes ; les autres sont de couleurs variées & mêlées, comme jaune, bleu & rouge-pâle. Il y en a déjà un très-grand nombre de tirés, qui n’attendent que la main d’un ouvrier habile, pour être mis en œuvre ; mais cet ouvrier manque. M. de Cerzé en desire ardemment, & ne sait oú le prendre. Vous pourriez, en parlant de cette découverte, exciter ceux qui en connoitront, à indiquer leurs noms & leurs demeures. M. de Cerzé en demanderoit ensuite le nombre qui lui seroit nécessaire. Il veut embellir & aggrandir son Château ; ils y trouveroient de l’ouvrage pour long-temps. Cette Carriere est placée sur la pente d’une Colline, dont la chaîne se prolonge assez loin, & qui renferme vraisemblablement du Marbre dans toute sa longueur. Le commencement de la Carriere n’a présenté d’abord que des couches ou bancs de pierre blanche, mais qui avoit une singularité remarquable ; c’est que dans tous les endroits oú elle se fendoit par quartiers ou feuilles, on y trouvoit la représentation d’une petite plante ou arbrisseau, semblable au Cypriès, ou plutôt, telle qu’on en voit sur les Agathes arborisées. Cette même plante se trouve également peinte dans les blocs de marbre. Je vous envoie un échantillon de l’une & de l’autre. Le marbre paroit susceptible d’un beau poli ; le morceau que je vous envoie ne l’est qu’imparfaitement, parce qu’il ne l’a été qu’avec un couteau & un morceau de bouteille. Si vous mouillez le côté qui l’est moins, l’arborisation paroîtra beaucoup mieux. C’est une des moins parfaites, & une des moindres variétés du marbre de cette carriere. Il se trouve entre les couches de pierre & de marbre, une terre glaise de différentes couleurs, dont je vous envoie aussi un échantillon, avec un morceau de mine, qui paroit être de fer ; & un autre morceau qui paroit être un amas de coquillages cristalisés ; on en trouve quelques-uns de pétrifiés. C’est peut-être une espece de talc.
Cette découverte est donc en effet précieuse ; mais il est à présumer que plus on creusera, & plus elle deviendra intéressante. M. Valmont de Bomare, dans son Dictionnaire d’Histoire Naturelle, distingue trois sortes de marbres : celui d’une seule couleur, marmor unicolor ; le marbre panaché ou mêlangé, marmor variagatum, le marbre figuré, marmor opacum figuratum. Tels sont dans cette derniere espece les marbres de Hesse & de Florence, sur lesquels on remarque, dit M. de Bomare, des apparences d’Arbrisseaux, Esquisses de Villes, de Châteaux, de Montagnes, de Lointains, &c.
On peut donc dire que la carrière de la Bonardeliere, renferme la premiere et la troisieme espece de marbre, distinguées par M. de Bomare, & plus particuliérement celle qui ressemble aux marbres de Hesse & de Florence, puisqu’on y apperçoit la majeure partie des singularités qu’ils présentent.
Je trouvai à la Carriere deux enfants de M. de Cerzé, l’aîné & le Chevalier ; cette aîné ainsi que M. son pere, dessine très-agréablement. Ils nous conduisirent au Château, oú ils nous montrerent des échantillons des différentes variétés de ce marbre, qu’ils avoient eux-mêmes commencés à travailler. Tout ceci étoit étendu dans le Salon & mêmé avec des instruments de musique, & des morceaux de dessein, dont l’un représente un Temple, oú les regles de la perspective ou de l’optique, ont été si bien observées, que l’on distingue parfaitement la voûte & les différents rangs de colonnes. Ce Salon paroit être celui des Arts réunis ; j’y vis un morceau de marbre, sur lequel on apperçoit la figure d’un vieillard, on le distingue parfaitement, il paroit être enveloppé dans un manteau, & sortir d’un nuage ; des cheveux gris un peu courts ; une barbe blanche un peu longue, ces traits achevent de le faire distinguer. Ce morceau est d’environ deux pieds de long, sur un pied de large ; le fond est d’un jaune varié, & le tout est surmonté de quatre pommes d’un bleu foncé. Je vis aussi un petit morceau sur lequel on reconnoît la figure d’un Christ, mais moins parfaitement que celle du vieillard.
P.S. Depuis ma lettre écrire, je me suis procuré deux autres morceaux de marbre, que je joins au premier.
ADP, n° 19, du 13 mai 1773, page 73

Commentaire :
Techniquement, dans les terrains sédimentaires du Civraisien, il ne peut pas s’agir de marbre, qui est une roche métamorphique. On doit avoir à faire à un calcaire très fin et très dur, du Jurassique (Callovien, début du Jurassique supérieur). Le correspondant a bien décrit les dendrites, minéralisations généralement d’oxyde de manganèse, en forme d’arborescences.

AVIS DIVERS
Le sieur Chevreau, Chef des Ouvriers qui exploitent la Carriere de Marbre de la Bonardeliere, près Civray, avertit, que trouvant actuélement dans le pays toutes les matieres nécessaires pour travailler & polir le marbre, qu’il étoit ci-devant obligé de tirer de Paris & d’autres Provinces, il est en état de baisser le prix de ses ouvrages. Il passera les cheminées du marbre de premiere qualité à cent cinquante livres, celles de la seconde à cent vingt livrres, & celles d’un marbre inférieur à quatre-vingt livres. Au surplus l’uni sera à meilleur marché que le sculpté, & le prix variera en proportion du plus ou moins d’ornemens qu’on y désirera ; la même diminution proportionele aura lieu pour tous les autres ouvrages. On a fait depuis peu une nouvelle fouille dans la carriere, & on y trouve du marbre encore plus beau que celui qui a paru. Les prix annoncés sont, comme on l’a dit ci-devant, aux conditions de prendre les ouvrages au chantier, le Maître Marbrier ne voulant point se charger de les faire rendre qu’aux frais des acheteurs.
ADP, n° 22, du 2 juin 1774, page 96

Le Curé Auvergnat

De St-Hilaire-le-Voui, bas Poitou, 12 Mai.
Nous avions il y a quelque temps pour Curé un Prêtre Auvergnat, qui s’est avisé, ne sachant sans doute pas la Langue Françoise, d’écrire dans le patois de sa Province, tous les actes des registres de Baptêmes, Mariages & sépultures de sa paroisse : de sorte que son successeur est avec raison on ne peut pas plus embarassé pour entendre ces actes & et déliver des extraits. On dit qu’il a été rendu compte de cet incovénient au Gouvernement, afin d’envoyer sur le lieu un interprete qui puisse explique & traduire ces actes, & des Magistrats pour faire les procès verbaux nécessaires, afin de reconoître, constater & assurer par le témoignage des habitans qu’il sera convenable d’y appeler, l’état, la qualité & l’âge des citoyens dont il est question sur ces registres, pour le repos & l’intérêt des familles. Cette paroisse est du Diocèse de Luçon.
Affiches du Poitou, n° 22, du 3 Juin 1779, page 86

Triplés et centenaire Médecine Sauzé ; Plibou

AVIS DIVERS.
On écrit de Sauzé, (Haut-Poitou) le 26 Mai, que la femme du nommé Maret, étoit accouchée dans le mois précédent, d’un garçon & de deux filles ; que celles-ci ont vécu onze jours, & que le garçon annoncoit de la santé. La même lettre porte que Jacques Joachim, de la paroisse de Plibou, près ledit Sauzé, mourut le 27 Mars dernier âgé de 107 ans ; qu’il avoit continué ses travaux ordinaires jusqu’à l’âge de 102 ; qu’il tomba d’une charrette, ce qui l’affoiblit beaucoup le reste de sa vie.
ADP, n° 22, du 3 juin 1773, page 87

Le Perroquet Zoologie

A VENDRE.
Jeune & très-beau Perroquet d’Espagne, Amazone ; cet Oiseau est instruit au point qu’on n’en a peut-être pas encore vu un pareil ; il fait une infinité de mots & de petits discours familiers, qu’il pronononce distinctement & avec une précision singuliere ; il imite les roulements que font les baguettes sur une caisse de tambour, il chante à plein gosier plusieurs chansons d’un couplet, même une chanson oú il y a une reprise, & sans se tromper ; il prononce en plain-chant, la priere pour le Roi. Il fait l’admiration de tous ceux qui l’entendent ; il est doux & ne crie jamais comme font presque tous les autres Perroquets. Nous sommes en état de montrer la liste de son savoir-faire, qui étonnera. S’adresser à Paris, à M. Noët, rue des Moulins, Butte St Roch, vis-à-vis l’Hôtel de la Marche.
ADP, n° 22, du 3 juin 1773, page 88
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REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°24

Curiosités : Anecdote
Zoologie
Géographie
Notes :Sauzé Vaussais, Géographie

Mémoire sur Sauzé, (Haut Poitou).
La Justice de ce lieu, appellée autrefois la Châtellenie de Limalonge, comprend
huit paroisses, & a depuis été érigée en Marquisat sous la dénomination de
Crugy-Marsillac. Nos foires & nos marchés ne sont renommés que pour le bled
seulement, quoiqu’on y trouve comme aux foires voisines, des bœufs, des chevaux,
des mulets, dès cochons, moutons & toutes sortes de comestibles. En effet nous
fournissons au Limousin par Confollens, à l’Angoumois par Mansle, à la Saintonge
par Ecoyeux. Les voyageurs sont surpris que dans un endroit aussi considérable,
il n’y ait point d’Eglise ; la paroisse est Vauzay, distante d’ici d’un quart de
lieue. Nous regrettons toujours le changement de route de Poitiers à Bordeaux ;
mais nous espérons que celui qu’on tracera de Limoges à la Rochelle, par Nyort,
en bordant nos maisons, nous dédommagera. La nature est ici très-variée dans ses
productions ; en jettant les yeux vers le Nord, on découvre à une lieue les
Molieres de Caulnay ; cet endroit fournit des meules de moulin très-renommées ;
les meûniers de la Boutonne & de la Charente en font le plus grand cas ; dans le
vallon est une fontaine appellée Font-d’Adam, Fons Adami. Cette eau est vraiment
minérale ; d’après quelques observations médicinales sur sa propriété, nous la
jugeons très-propre aux maladies de la peau ; nous serions très-disposés à
croire qu’elle contient un Sel de Mars Vitriolique. Il seroit fort intérressant
d’en faire une analyse exacte. En laissant cette partie, pour s’occuper de celle
du midi, on voit la division du Poitou & de l’Angoumois, au coteau de
Montalembert. Sur ce coteau & dans la plaine de Limalonges, se trouvent une
terre glaise & une pierre calcaire très-propres aux thuileries. En effet à deux
lieues à la ronde, il y a beaucoup de fours renommés pour la thuile & pour la
chaux. M. Gourjault, très-instruit dans l’art du thuilier, ne ménage rien pour
donner la plus grande perfection possible à ces ouvrages. Depuis cette côte
jusqu’aux Ajots, se ramassent les meilleurs marons de la Province. Voilà ce que
l’on peut dire de sommaire sur une contrée presque ignorée dans le reste du
Poitou.
ADP, n° 23, du 10 juin 1773, page 91



Tenue de deuil
SOCIÉTÉ

AVIS DIVERS
Nous avons trouvé dans plusieurs Papiers publics, une notre concernant le deuil
à porter à l’occasion de la mort du feu Roi ; il sera de 7 mois ; on portera les
grandes pleureuses pendant le premier, & les petites pendant le second : les
hommes prendront l’habit de drap sans boutons, burat, étamine ou voile ;
manchetes de baptiste à ourlet plat, la cravate, bas de laine, souliers bronzés,
boucles noires, épée bronzée, garnie de crêpe... Les femmes prendront la robe de
fleuret, papeline, ras de St Maure, taffetas de Tours sans lustre, garnie de la
même étofe, ourlée ou de crêpe, d’étamine de soie & gaze de laine, aussi ourlée
; les barbes plates, les manchetes & le fichu de crêpe blanc, ourlés ; la coëfe
noire, les bas & les gans de soie noire, les souliers & les boucles bronzés,
éventail de crêpe noir...
ADP, n° 22, du 2 juin 1774, page 95

Seconde époque du Deuil ; du 15 Juillet au 31 Août
Les femmes porteront l’ajustement de crêpe, avec effilé uni autour, ainsi qu’aux
garnitures de la robe, les pierres noires, éventail de crêpe. ... les hommes
porteront l’habit avec les boutons ; manchettes de batiste, avec effilé uni ;
bas de soie noire, souliers de peau de chevre ; boucles noires, crêpe à l’épée.
ADP, n° 24, du 16 juin 1774, page 104



Le Curé, le Magister et les œufs.

ZOOLOGIE

ANECDOTE ECONOMIQUE
Un Curé attrapa plaisament son Magister ; celui-ci avoit quatre poules qui
gloussoient pour couver ; il n’avoit point d’œufs à leur donner ; le Curé avoit
des œufs; mais il manquoit de poules qui voulussent couver ; il proposa au
Magister de mettre ses poules couver au Presbytere, avec des œufs que lui, Curé,
fourniroit, à condition que les poussins qui en proviendroient, seroient,
savoir, les coqs pour lui, & les pouletes pour le Magister ; le marché fut
conclu ; les couvées réussirent : mais qui fut surpris ? ce fut le Magister,
quand, d’une soixantaine de poussins, lorsqu’on put distinguer leur sexe, il ne
vit pas une femelle. Le bon homme crut que Monsieur le Curé, outre son
Braviaire, lisoit le grimoire ; mais toute sa magie étoit d’examiner les œufs à
la lueur d’une lampe ; à l’un des bouts on remarque un petit vide sous la coque
; si ce vide est justement au bout de l’œuf, il contient le germe d’un mâle ;
s’il est un peu de coté, c’est une femelle. Plusieurs Fermieres ont assuré que
celà étoit indubitable ; il est aisé de s’en assurer.
ADP, n° 22, du 1er juin 1775, page 90

Commentaire : Est-il possible de déterminer le sexe des poussins à l’examen des
œufs ? Toujours est-il que le Curé a fait montre d’une certaine malhonnêteté.


La mule à six pieds.

ZOOLOGIE Champagné-St-Hilaire

HISTOIRE NATURELE
Il est né le 3 Avril dernier, chez M. Bera, Procureur Fiscal à
Champagné-St-Hilaire, près Chaunay, de la premiere portée d’une jument de trois
ans, une mule ayant six pieds, dont quatre de forme naturele à cette espece, &
les deux autres ressemblans à ceux d’un bœuf. Ce sont ceux de devant qui étoient
doubles. Ils prenoient au côté extérieur des deux jambes, à un pied au dessus de
terre, c’est-à-dire, vers la moitié de la jambe, & formoient comme deux Y
renversés. On ne nous mande pas si cet animal a vécu ; probablement que non.
ADP, n° 22, du 1er juin 1775, page 90



REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°25

Curiosités : Anecdote
Société
Zoologie
Archéologie
Notes :Pièces d’or

AVIS DIVERS
On a trouvé il y a quelques semaines, en creusant dans un champ, au village de
la Cluzaudiere, paroisse de St Martin d’Anché, entre Vivône et Couhé, une
vingtaine de pieces d’or, de deux especes seulement ; l’une est un Noble Henri,
roi d’Angleterre, & pesant 24 #. On la qualifoit anciennement, du poids de cinq
deniers dix grains trebuchant, pour cent six sols tournois. On sait que les
Anglois ont été long-temps maîtres de ces Provinces. L’autre est une monnoye
Françoise, d’un de nos Rois, du nom de Charles, & pese 12#, c’est un écu vieux à
la couronne, qualifié autrefois, du poids de trois deniers trebuchants pour
soixante sols.
Affiches du Poitou, n° 24, du 17 Juin 1773, page 96



Jument volée

AVIS DIVERS
Le Mardi 1 de ce mois, il fut exposé en vente, à la foire de Civray, par un
petit homme qui a les doigts de la main gauche coupés, & se dit être de
Ville-Jesus, près d’Aigre, une jument blanche, qui a une marque très-distinctive
au bout du nez, agée de 7 à 8 ans, ayant une selle à siege de cuir recouvert
d’un autre siege de peau jaune piqué, sangles & licol de cuir. On soupçonne que
cette jument a été volée. S’ad. à M. le Procureur du Roi, à Civray.
Affiches du Poitou, n° 24, du 17 Juin 1773, page 96

Commentaire : Il doit s’agir d’un apprenti voleur, n’ayant eu, jusqu’à
maintenant que les doigts coupés, car un voleur patenté aurait eu la main
entière coupée.


Inscription romaine ARCHÉOLOGIE Chef-boutonne ; Brioux

Lettre écrite des environs de Chefboutonne.
Il est souvent arrivé qu’une Inscription isolée, une Médaille antique, ont servi
à fixer les idées sur un point douteux de l’Histoire. Ce principe a engagé
Grater, & d’autres laborieux antiquaires, à former des recueils d’inscriptions
dans lesquels ils en ont admis quelques-unes qui ne paroissoient devoir être
d’aucune utilité, mais qui peuvent, à l’occasion, servir à établir un fait,
attester un usage, ou confirmer une date importante. Ainsi les Amateurs de
l’antiquité ne négligent rien de ces sortes de Monuments quelques mutilés qu’ils
soient, quelque peu de lumieres qu’ils promettent. Cette raison m’engage,
Monsieur, à vous faire parvenir une Inscription Romaine, trouvée sur le
couvercle d’un cercueil de pierre nouvellement déterré à Brion, (1) mais contre
l’usage ordinaire, sur la partie intérieure du couvercle.
QIVLIUS
QFILIUS TERCETRUS
DOME ARELAT
MIL COH XIIX VOL
HSE

Je la lis ainsi : Quintus IVLIUS Quinti FILIUS TERCETRUS DOMA ARELATensi MILes
COHortis XIIX (duodevigesimae) VOLuntariorum Hic Situs Est.
Le mot Tercetrus m’est inconnu ; le Pere Hardoin qui croyoit que toutes les
lettres des inscriptions étoien initiales, auroit trouvé dans ce mot tout ce
qu’il auroit voulu. Domo Arelatensi, ces deux mots indiquent peut-être que
Julius étoit d’Arles, Colonie Romaine établie par Jules César, qui y envoya les
vétérans de la VI Légion, sous la conduite de Claude Tibère Néron, Pere de
l’Empereur Tibere. Cette Ville qui eut le droit appellé Jus quiritium, s’appella
depuis, Colonia Julio Arelate, ou simplement, Arelate Sextanorum. Le reste de
l’Inscription exprime que ce Quintus Julius étoit Soldat de la dix-huitieme
Cohorte des volontaires. On sait que la Légion n’étoit que de dix Cohortes ;
mais il y avoit des Cohortes étrangeres, dont le nombre n’étoit pas fixé, & dont
chacune étoit désignée par son ordre numéral, auquel on ajoutoit quelquefois le
nom de la nation dont elle étoit tirée, Secunda Lusitanorum, Duodecima
Alpinorum. Il y avoit aussi des Cohortes Romaines séparées des Légions, &
sur-tou beaucoup de Cohortes de volontaires, qui se distinguoient seulement par
un nom de nombre. Vous voyez, M., que j’ai expliqué de cette Inscription ce qui
est le plus facile, je laisse aux Savants le mot Tercetrus ; c’est à eux de
décider, si c’est un seul mot, ou bien l’assemblage de deux ou trois mots, & à
nous en donner l’interprétation. J. C. D. C.

(1) Briou est un lieu ancien, marqué dans l’Itinéraire d’Antonin, & sur les
Cartes de Mr d’Anville, sous le nom de Brigiosum, sur la route de Mediolanum
(Saintes) à Limonum (Poitiers) on y déterre souvent des cercueils de pierre ; on
a trouvé dans quelques-uns des lacrymatoires, d’autres des pieces de monnoye,
mais dont les plus anciennes ne remontent pas plus haut que deux siecles.
ADP, n° 24, du 17 juin 1773, page 94



Les monnaies de Melle ARCHÉOLOGIE Melle

Lettre écrite du Château de …, près Vivône.
Les différentes Monnoyes ou Médailles trouvées à Melle, n’y ont point été
frappées comme on paroit le soupçonner, à l’occasion de quelque monument ou
évenement relatif à cette ville, & encore moins dans le cours de quelque voyage.
Si d’un côté d’une de ces pieces, on lit Metullo, c’est que la ville de Melle
étoit alors une de celle oú l’on frappoit de la Monnoye pour le Prince ; c’est
ce que l’on voit par une Ordonnance de Charles II, dit le Chauve, Roi de France,
du premier Juillet de l’an 866, oú on lit plusieurs choses relatives à la
Monnoye qui avoit cours alors, & qui nous fait connoître les seuls endroits oú
il étoit permis de la fabriquer. Les lieux désignés sont, le Palais Quentovie,
dans le Ponthieu, Rouen, Rheims, Sens, Paris, Orléans, Châlons-sur-Sône, Melle
en Poitou & Narbonne. Il ne paroît pas douteurx que cette piece ait été frappée
sous ce Regne ; le peu de Monnoye qui nous en reste, nous représente presque
toujours une croix, ou plusieurs croix doubles ou simples, avec des caracteres
quelquefois inconnus, des points, des O, & toujours le nom de la ville oú elle
étoit fabriquée, & presque toujours les croix simples ou doubles entre un A & un
O, signifiant Alpha & Omega, qui sont le commencement & la fin de tout.
ADP, n° 24, du 17 juin 1773, page 95


A propos de boisseaux
SOCIÉTÉ
Thomas, un de ces docteurs de village, se trouva derniérement dans la chambre de
son Curé, le hasard lui fit tomber sous les ieux, une de vos Feuilles ; quelle
fut sa surprise, ou plutôt sa joie, d’y lire que toutes les rentes stipulées
mesure de Poitiers, ne devoient être payées qu’à celle du Pin. Ne se sentant pas
d’aise, il court précipitamment chez lui, & dans son enthousiasme, dit à sa
femme ; ventreguiene la bonne journée que j’ons fait aujourd’hui, je venons de
gagner vingt boisseaux de froment, & je n’en donnerons plus que quatorze au lieu
de seize que je payons tous les ans à notre Seigneur. Ah dame, voilà ce que
c’est que de savoir lire !... Je vous félicite, lui dit Jacqueline, s’ils sont
bien à vous... qu’appeles-tu, s’ils sont bien à moi ? me prends-tu pour un
fripon ? vraiment oui ils sont à moi, puisqu’on l’a décidé ainsi... Quoi ! aviez
vous un procès ?... marguiene, tu n’as donc gueres d’esprit aujourd’hui ; si
j’avois un procès, ne le saurois-tu pas ? Ecoutes-donc que je te fasse entendre
; n’y a-t-il pas dix ans que je payons à notre Seigneur seize boisseaux de
froment mesure du minage ? he ben ! je ne payerons plus qu’à la mesure du Pin ;
par conséquent notre Seigneur nous restituera vingt boisseaux, & je n’en
payerons plus que 14 tous les ans, m’entends-tu ?... helas ! que trop, lui dit
la bonne Jacqueline. Je ne crois pas que notre Seigneur soit dans le cas de la
restitution ni de la réduction. Mon pere n’a t il pas acheté notre terrain à
cette condition ? ne sommes nous pas obligés par nos partages à servir la rente
ainsi qu’elle l’a toujours été ? je me ferois conscience... bon, avec ta
conscience, tu me feras ben mourir de faim ; ten, je m’en vais trouver Guillot
qui doit autant que moi, & je verrons si notre Seigneur voudra plaider : oh ! il
s’en donnera ben de garde, car il seroit sûr de perdre son procès. Thomas &
Guillot, regardant leur découverte comme une bonne fortune, s’en vont fièrement
au Château ; Jacqueline les suit de près ; lorsqu’ils eurent conté leur chance
au Seigneur ; point de procès, leur dit-il, un moment d’attention ; vos
prédecesseurs n’ont-ils pas toujours payé au boisseau du minage , je ne veux
rien à vous, mes enfans ; faites arpenter le terrain, & vous verrez si vous
pouver l’emblaver, suivant l’usage commun, au boisseau du Pin. Notre brave
Jacqueline entre à ces derniers mots qu’elle avoit entendus, & avec sa franchise
ordinaire, soyez de bonne foi, dit-elle à Thomas & à Guillot ; mon Seigneur a
raison ; n’est-il pas vrai que lorsque vous levez vos grains pour les semences,
vous les mesurez toujours au boisseau du minage ? pourquoi ne voulez-vous donc
pas payer de ce boisseau, puisque c’est lui qui fait votre regle pour ensemencer
le terrain sujet à la rente. Thomas regardant Guillot, il faut avouer, dit-il
tout émerveillé, qu’il y a des femmes qui ont l’esprit ben pénétrant ; la nôtre
a entendu cela du premier mot ; cela me confond. Ça, Jacqueline, j’allions sans
toi avoir un procès, je l’aurions perdu, & on se seroit mocqué de nous ; pardon,
mon bon Monsieur, je reconoissons notre faute ; oui, je vous payerons à la
mesure du minage, car il est ben certain que c’est à ce boisseau que je mesurons
nos semences, & que je n’en avons jamais de reste.
Cette décision a été sue de tout le canton ; elle a paru juste, chacun s’y est
soumis : & c’est ainsi que si vouloit s’entendre, on termineroit bien des
procès. (A Poitiers, le 13 Mai 1774) Signé, Babinet Dupeux, Trésorier de France,
Auteur de la Lettre insérée dans la Feuille du 3 Juin 1773, N° 22.
ADP, n° 24, du 16 juin 1774, page 102


Les Vautours
ZOOLOGIE Verrières
AVIS DIVERS
Des Paysans de Verrieres, à 5 lieues de Poitiers, ont montré il y a quelques
jours, en cette ville, un Vautour vivant, qui a été pris entre St-Secondin &
Bouresse; il y en avoit deux qui s’abatirent à la fois sur un troupeau d’oisons
; un paysan acourut avec un fusil, & en blessa un ; l’autre s’envola & n’a pas
reparu. Quelques persones ont pensé que c’étoit un Aigle plutôt qu’un Vautour ;
on sait qu’il y a plusieurs oiseaux de l’une & de l’autre espece, dont les
Naturalistes font différentes classes, à cause des nuances diverses qui les
distinguent : quoiqu’il en soit, c’est toujours une observation curieuse,
d’avoir vu un Aigle ou un Vautour dans ces Provinces, au centre du Royaume, dans
un pays plat, & loin des montagnes. Il est vrai que le Canton ou celui-ci a été
prix, est très-couvert de bois ; il seroit très-fâcheux que ces oiseaux s’y
multipliassent ; c’est bien assez des loups qui nous font en tout temps beaucoup
de mal.
ADP, n° 24, du 16 juin 1774, page 104


Le faux Perruquier MŒURS

ANECDOTE.
Vous avez sans doute, M., lu Chinki, Histoire Conchinoise de M. l’Abbé Coyer,
Ouvrage ingénieux, dont le but particulier est de faire sentir l’abus des
Jurandes & des Privilèges exclusifs des Corps de Métiers dans nos villes.
Plusieurs écrits économiques sont remplis de critiques fines, de plaintes
raisonées & de réclamations judicieuses sur le même sujet. Il seroit difficile
de se défendre de la conviction qu’ils portent dans tous les esprits. Je
n’entreprendrai point de rien ajouter aux démonstrations de tant d’Ecrivains,
défenseurs citoyens & courageux de la liberté naturele dont chaque homme dans
toute société doit jouir pour exercer ses talens utiles ou agréables, dès qu’ils
sont honêtes. Je me bornerai, M., à vous raconter une histoire arivée il y a
environ deux ans dans une ville du Poitou. Sa singularité poura divertir vos
lecteurs, & fera sentir en même temps l’abus ridicule des privilèges exclusifs.
Un jeune homme qui avoit été garçon Perruquier, se fit laquais, ensuite laissa
son Maître, & resta dans la même ville, ce qu’on appelle `Chamberlan’,
c’est-à-dire, exerçant clandestinement son talent de Perruquier, à l’insu des
Maîtres Perruquiers, qui cependant en furent bientôt instruits, & résolurent de
le surprendre ; mais il prenoit si bien ses précautions, auxquelles ses
Pratiques vouloient bien se prêter, qu’il falloit lui tendre un piège ; voilà
comme on s’y prit : on séduit un autre jeune homme, auquel le Lieutenant de la
Communauté des Perruquiers, car les chefs de cette Corporation prenent aussi de
beaux titres, prête un habit de campagne assez leste, un chapeau & des botes ;
ce costume lui donne l’air d’un laquais ; on le charge d’aller trouver ce
chambrelan, de lui dire qu’il est domestique d’un parent du Maître de le
Chambrelan avoit servi autrefois, & de venir friser ce voyageur à telle Auberge
qu’on indique ; le Chambrelan s’y rend un instant après, mais se défiant
toujours de M. le Lieutenant des Perruquiers & Compagnie, qu’il savoit être
depuis long-temps à ses trousses pour tâcher de le surprendre en flagrant délit,
il s’y rend sans appareil ni outils de son métier, pour faire sa reconoissance
avant de se livrer à un inconnu. Il trouve en effet le prétendu laquais qui lui
dit que son Maître est sorti, mais qu’il va rentrer, & qui le prie de lui donner
en atendant, à lui Laquais, un coup de peigne ; le Chambrelan soupçona de la
manœuvre, & pour s’en assurer, il protesta qu’on se méprenoit, qu’il n’étoit
point Perruquier. Le prétendu Laquais, quoique séduit & payé pour soutenir sa
fourberie, finit par en convenir, & d’avouer au Chambrelan qu’il faisoit bien,
que dans ce moment il y avoit auprès de l’Auberge trois Huissiers qui y seroient
entrés dès qu’ils auroient pu soupçoner qu’il étoit en fonction, pour l’arrêter
& le conduire en prison. Le Laquais postiche, ayant des remors de sa foiblesse,
est le premier à proposer au Chambrelan de se venger ensemble des Perruquiers.
Ils commandent sur le champ dans l’Auberge un bon repas dont le travestissement
doit répondre. Les Huissiers, qui étoient entrés & qui jugerent bien qu’ils
auroient de la peine à se faire payer d’une course inutile, se mettent de la
partie ; ils mangèrent ensemble la valeur de l’habit, du chapeau & des botes de
M. le Lieutenant des Perruquiers, qui n’osa pas les réclamer. Cette aventure,
dont on sut bientôt toutes les circonstances, fit beaucoup rire tous les
habitans. On se moqua des Perruquiers ; ils le méritoient bien.
ADP, n° 24, du 15 juin 1775, page 103





REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°26

Curiosités : Zoologie
Fécondité
Météo
Médecine
Notes :Les albinos

Autre lettre, écrite de Civray.
Je vous ai parlé, M., d’une famille aux Cheveux blancs & aux Yeux rouges, qui
habite cette contrée, & j’ai promis de vous faire part de mes recherches à ce
sujet ; je vous tiens parole. Je me suis transporté moi-même sur les lieux, afin
de pouvoir mettre plus d’exactitude dans mon récit. C’est au village de
Chez-Bernardeau, paroisse de Champniers, à une lieu & demie ce cette ville. J’y
ai vu ces trois enfants extraordinaires, deux garçons & une fille, & j’ai
questionné leur mere. Voici le résultat de mes observations & de ses réponses.
Ces enfants sont d’une médiocre stature ; ils sont cependant assez gros & bien
constitués. L’aîné, âgé de 20 ans, n’a pas pieds & demi ; leurs paupieres,
leurs sourcils, leurs cheveux sont blancs comme la neige, & ils avoient cette
couleur dès leur naissance ; ils voient assez difficilement ; le grand air
paroit les fatiguer au point qu’ils sont obligés de fermer presqu’entiérement
les yeux, lorsqu’ils levent la tête & veulent fixer quelque objet. La structure
de leurs yeux est singuliere ; la partie que l’on nomme l’Iris, & celle appellée
la Prunelle, sont entièrement d’un rouge couleur de rose ; le blanc de l’œil est
comme à l’ordinaire.
J’ai observé souvent que les lapins blancs avoient les yeux de la même couleur,
Je serois fort curieux de savoir pourquoi la couleur rouge est dans cette partie
une suite de la couleur blanche des cheveux de l’homme & des poils du lapin, car
je ne crois pas qu’il en soit ainsi dans les autres especes d’animaux. Les yeux
bleus sont communément avec des cheveux blonds, & les yeux noirs avec des
cheveux noirs. Il résulteroit delà que chaque couleur de cheveux auroit une
couleur affectée pour les yeux. Quelque Médecin devroit s’expliquer sur ce
sujet, & tâcher de découvrir les causes qui ont pu faire que les enfants dont je
parle, ont les cheveux blancs.
Il se trouve dans ce phénomene de génération une circonstance qui le rend encore
très-extraordinaire ; c’est que Françoise Chauveau, veuve de Pierre Bernardeau,
mere de ces enfants, en a eu d’autres de ce même homme qui ont les cheveux noirs
& sont en tout semblables aux autres hommes. Le mêlange alternatif qui se trouve
dans leur naissance, offre encore quelque chose de singulier. Le premier & le
second furent aux cheveux blancs ; le troisieme & le quatrieme aux cheveux noirs
; le cinquieme les eut blancs ; le sixieme noirs & le septieme blancs ; le
quatrieme & le cinquieme sont deux filles ; le premier & le sixieme sont morts.
Bernardeau avoit 50 ans lorsqu’il se maria en secondes noces avec Françoise
Chauveau, qui étoit pour lors âgée de 27 ans. Il avoit les cheveux d’un châtin
clair, & les yeux d’un bleu pâle ; ceux de sa veuve sont de la même couleur ; il
est mort après 12 ans de ce deuxieme mariage ; il avoit eu dix enfants de sa
premiere femme, dont aucun ne présentoit rien d’extraordinaire. Le nom de cet
homme & celui du village, qui sont les même, annoncent que sa famille habite
depuis long-temps ce pays ; c’étoit un laboureur fort peu à son aise ; sa veuve
est pauvre ; deux des enfants, qui ont les cheveux blancs, mendient ; celui qui
est âgé de 20 ans, préfere de travailler à la terre, autant que la foiblesse de
sa vue peut le lui permettre. Lorsque j’arrivai dans le village, je le trouvai
qui travailloit dans un jardin, & je l’avois distingué de très-loin à sa
chevelure qui est fort épaisse.
Affiches du Poitou, n° 25, du 24 Juin 1773, page 98


Heureux événement MÉDECINE Chizé

AVIS DIVERS.
On nous écrit des environs de Chizé (Haut Poitou,) qu’une femme mariée depuis 18
ans, & qui jusqu’à ce jour n’avoit donné aucun signe de fécondité, se trouve
enceinte, & qu’elle n’a jamais joui d’une meilleure santé, que depuis qu’elle se
reconnoît dans cet état. Un pareil fait pourra paroître minutieux à quelques
Lecteurs ; mais il peut faire naître quelque espoir dans le cœur des époux, qui
après une union de plusieurs années, commencent à déserpérer d’avoir de la
postérité. On sait que Louis XIV, naquit après 22 ans de stérilité d’Anne
d’Autriche.
ADP, n° 25, du 24 juin 1773, page 99


Guérison miraculeuse MÉDECINE St Hilaire

AVIS DIVERS.
Une lettre écrite de St Hilaire, en Bas-Poitou, le 10 de ce mois, porte que M.
Moreau, Vicaire de cette paroisse, étant tombé en appoplexie il y a quelques
jours, fut jugé mort par tous ceux qui furent témoins de cet accident ;
heureusement M. des Ronchamps, Lieutenant de la Maréchaussée à Montaigu,
survint, & fit faire sans délai une legere contusion à la tête & sur l’estomac
de ce Prêtre : ce qui le rappella à la vie. On ne sauroit trop s’empresser de
publier cette méthode contre les suites de l’appoplexie. M. de Ronchamps l’a
fait employer plusieurs fois avec le même succès.
ADP, n° 25, du 24 juin 1773, page 99

Commentaire : Là oú les médecins échouent, voyez les gendarmes !


Le Cerf et la Jument, le Pigeon et la Poule
ZOOLOGIE St Pierre du Chemin ; Poitiers
AVIS DIVERS
On écrit de la Melleraye, près la Flocelliere, en Bas-Poitou, qu’un particulier
de la ville de Puzauges, étant allé l’année derniere passer quelque temps au
bourg de St Pierre-du-Chemin, a vu deux fois un cerf en accouplement avec sa
jument qui paissoit dans un champ, & que de cette union est né un animal qui
tenoit beaucoup plus du cerf que du cheval, & qui n’a vécu que deux jours ne
pouvant teter. On ne nous donne pas d’autres détails.
On nous assure qu’il y a actuélement dans une maison de Poitiers un pigeon & une
poule, qui vivent constament & fidélement ensemble depuis dix-huit mois, comme
feroient deux animaux de la même espece, des deux sexes, & que l’un & l’autre
ont même comme renoncé respectivement à la société des animaux de leur propre
espece, quelque soins que l’on ait pris pour tâcher de les y ramener.
ADP, n° 25, du 23 juin 1774, page 112


Foudre à Montazay
MÉTÉO Civray ; Savigné
Extrait d’une Lettre des environs de Chaunay
Le tonerre tomba la nuit du Dimanche au Lundi, 5 de ce moi, sur la fui du
Couvent des Dames Religieuses de Montazay, Ordre de Fontevrault, près Civray. Il
tua presque tous les pigeons ; les uns furent mis en morceaux comme si on les
avoit coupés avec un Couteau ; les autres furent seulement étoufés : mais ce
qu’il y eut de singulier, c’est que parmi ceux-ci il s’en trouva qui avoient été
si exactement plumés qu’il ne leur restoit pas une seule plume. La foudre ne fit
que très-peu de dérangement à la couverture de cette fuie ; mais en sortant elle
alla fraper contre les murs de clôture des Religieuses, & en renversa six
toises, de façon qu’il ne restoit pas une seule pierre en place : quelques-une
même furent calcinées. L’orage fut si violent pendant cette nuit, qu’on a dû
s’en apercevoir dans plusieurs cantons.
ADP, n° 25, du 22 juin 1775, page 107


Asphyxie dans un puits Médecine Châtellerault
Extrait d’une Lettre de Châttellerault
On vient de guérir en cette ville un Asphyxique, par les traitements si
recomandés depuis quelques années ; le fait suivant est une nouvele preuve du
mérite de cette méthode. Le 2 du présent mois (Juin) des Maçons descendirent
dans un puits que l’on vouloit rendre plus profond ; le fonds qu’ils essayerent
de creuser, étoit d’un roc qui exhaloit une vapeur bitumineuse & qui les
incommodoit notablement. Ils voulurent y remédier, mais quel fut ce remede ? Il
fut pire que le mal ; ils y firent brûler du charbon ; sa vapeur réunie à celle
qui sortoit du roc, rompit tellement le ressort de l’air, qu’un d’eux s’y trouva
très-mal, & en fut retiré par le nommé Minoret ; mais celui-ci y étant descendu
une seconde fois pour prendre ses outils, y tomba dans une telle Asphyxie, qu’il
en fut retiré comme mort. Celui qui étoit allé le chercher, avoit failli
éprouver le même sort, & eut de la peine à lier ledit Minoret pour le faire
sortir du puits. On appela au secours de l’Asphyxique M. Justeau, Chirurgien de
l’Hôpital, & M. Dupré son neveu, Chirurgien nouvèlement arivé de Paris, lesquels
ayant trouvé les vaisseaux du malade extrêmement engorgés, & sur-tout ceux de la
tête qui en étoit très-boufie, lui firent deux copieuses saignées, employerent
la fumigation de tabac par le nez & par la bouche, lui administrerent des
frictions seches sur tout le corps, & le placerent sur le côté, au grand air, la
tête inclinée pour faciliter le dégorgement de la poitrine : ce qui s’opéra en
effet par l’expulsion de quantité de phlegmes sanguinolens qu’il rendit par la
bouche & par le nez, & lui procura successivement, dans l’espace de deux heures,
une entiere connoissance. On lui a administré pendant deux jours la limonade &
une dose d’ipécacuana, qui l’on conduit à parfaite guérison.
ADP, n° 25, du 22 juin 1775, page 106


Bonne année pour les récoltes
Météo
Coup d’œil sur les Campagnes
Elles présentent actuélement le spectacle le plus agréable & le plus
intéressant. La végétation est parvenue presque par-tout, en peu de jours, au
degré qu’une sécheresse de trois mois l’avoit empêché d’atteindre. Presque
toutes les productions sont dans leur état naturel pour la saison. La nature
fait ses progrès acoutumés dès qu’elle peut reprendre son énergie. Un proverbe
populaire dit, année de jardin (c’est-à-dire, année pluvieuse) année de gredin
(c’est-à-dire, mauvaise récolte) année de sécheresse, année de richesse. En
effet douze heures de pluie réparent plutôt un champ desséché par la chaleur ou
par les vents, que ne font huit sécheresse, des champs inondés. Nous sommes
très-heureux que la saison se soit comportées ainsi ; s’il avoit plu plutôt,
comme toutes les nuits ont été fraiches, il y auroit eu de la gelée, & les
productions étoient perdues. Toutes les bonnes terres, les terres fortes, les
terres humides n’ont point soufert. La pluie qui a relevé nos espérances dans
les terres maigres, étoit douce, chaude, bienfaisant ; elle est tombée par
intervalles ; il est vrai que le sort des près hauts est décidé, la fauchaison
est commencée, & il y a peu d’herbes ; mais les pluies nous promettent des
regains abondans : ce sera un dédomagement. Quant aux grains, la sécheresse les
a sauvé des herbes nuisibles qui gènent leur végétation & s’opposent à leur
accroissement ; ils sont nets ; c’est un bien. Le grain ménaçoit d’être petit &
maigre ; la pluie l’a fait déja grôssir. En totalité les grains seront de bonne
qualité, ils se conserveront mieux & rendront plus de farine, qu’ils ne font
dans les années pluvieuses. Ainsi la Providence qui veille à tout, remplace
l’abondance par la qualité. Quoiqu’il en soit, la récolte sera bonne, s’il ne
survient pas d’accidens. Les vignes sont en pleine floraison ; plusieurs l’ont
déja passé ; il y a du verjus dans des espaliers. Le prix des grains va baisser
partout, & celui des bestiaux remonter à proportion. (Du 18 Juin).
ADP, n° 25, du 22 juin 1775, page 108




REVUE DE PRESSE ANCIENNE N°27

Curiosité : Géographie
Notes :Montembœuf GÉOGRAPHIE

Mémoire sur Montembœuf.
Ce bourg du Haut-Poitou, & éloigné de la Rochefoucault de trois lieues & demie,
est en lui-même peu considérable ; mais il y a dans la campagne une quantité de
villages & hameaux, qui font que la paroisse, fort étendue, est extrêmement
peuplée. On doit attribuer cette population, non pas à la bonté du terrain,
puisqu’il y est naturèlement peu fertile, ainsi qu’on le dira ci-après, mais au
privilège fort peu commun dont jouissent les habitans, d’être exempts de toutes
impositions de Taille & autres subsides. Ils ne payent uniquement que cinq sols
par feu, & autres cinq sols pour droit de guet & garde au Château de Civray. Le
Seigneur en gagiste dudit Civray jouit de ces dix sols : de sorte que les
habitans de Montembœuf ne payent exactement rien au Roi. Ils ont été confirmés
dans ce privilège, dont on attribue le motif à des services rendus à l’Etat dans
des temps de guerre, par des Lettres patentes, du mois de Septembre 1651, & par
plusieurs Arrêts rendus antérieurement à la Cour des Aides. Ces Lettres patentes
seront copiées à la suite de ce mémoire. La terre de Montembœuf, apartenant
aujourd’hui à M. Gros-Delage, a le titre de Châtelenie ; & fait partie de la
Province de Poitou, quoiqu’enclavée dans l’Angoumois. Les appels de cette
Justice, ainsi que de celle de Vitrac, bourg voisin de Montembœuf & qui jouit
des mêmes privilèges, sont portés à la Sénéchaussée de Civray. Si ces paroisses
étoient imposées à la Taille, le pays deviendroit sans culture & sans habitans.
La population & la culture ne s’y soutienent qu’à cause de la franchise. Le
terrain de Montembœuf est, comme on l’a déjà dit, très-peu fertile, & ne raporte
pas beaucoup de blé ; la majeure partie est couverte de Châtaigners qui
produisent assez abondament. Sans cette ressource, le peuple seroit à plaindre ;
ce fruit lui sert de nourriture pendant une partie de l’année. Il sait même le
conserver, soit en le faisant sécher, soit en le tenant dans des lieux frais,
pour une saison oú il est rare d’en voir ailleurs. Le besoin donne de
l’industrie pour la conservation des subsistances ; on a sur-tout dans ce pays
une façon d’apprêter les Châtaignes, qui leur donne un goût exquis ; j’en ai
mangé sur le lieu même. On les fait cuire dans des pots de fer, dans lesquels on
les tourne avec deux morceaux de bois en forme de tenailles, après que l’eau est
devenue tiede. On leur ôte par cette manœuvre la seconde peau qu’on n’avoit pu
leur enlever en les dépouillant de la premiere ; on les fait ensuite bouillir
jusqu’à parfaite cuisson ; on jete l’eau ; après quoi on ferme le pot avec un
paquet de linge, & on les laisse sécher pendant une demi-heure au moins auprès
du feu. (La suite à un autre Ordinaire.)
ADP, n° 23, du 8 juin 1775, page 95

Suite du Mémoire sur Montembœuf.
On trouve cependant de distance en distance quelques champs bien cultivés, que
le travail de l’engrais ont rendus propres à produire du froment, du seigle, &
du blé d’Espagne, ou maïs ; mais on seme en plus grande quantité du blé noir ou
sarrasin, qui y vient abondament, & dont le peuple fait du pain en le mêlant
avec d’autre blé. Les pauvres aiment sur-tout à en manger la farine délayée dans
de l’eau & cuite dans la poële. Les pommes de terre y sont cultivées en grand
depuis quelques années ; quelques habitans en ramassent jusqu’à 80 pleins sacs ;
ce qui paroît extraordinaire dans une Province oú cette culture n’est pas encore
fort connue quoiqu’elle soit d’une grande utilité. On les y seme en Avril dans
les endroits les plus aérés, & à deux pieds de distance les unes des autres ; on
les fume en même temps ; on les sarcle en Juin ; on les chausse en Août, & on
les recueille après la St Michel. Je crois qu’ils ont trouvé la vraie maniere de
les reproduire ; ils n’ignorent que la façon d’en faire du pain ; ce seroit leur
rendre un grand service que de la leur apprendre. (Nous promettons d’en indiquer
incessamment les procédés dans nos Feuilles) tout l’usage qu’ils font donc des
pommes de terre, c’est d’en faire manger beaucoup aux bestiaux, & de n’en manger
eux-mêmes que la moindre partie, sur-tout les gens un peu aisés. Ils les font
bouillir & ensuite frire dans la poële. Les plus riches y ajoutent quelques
œufs, & ils assurent que ce met est d’un bon goût. On seme aussi dans ce canton
en plein champ une espece de rave qui devient aussi large qu’une assiete, mais
qui est fort courte ; elle n’exige aucune culture, vient dans toute sorte de
terrain, & fourni une exellente nouriture pour les hommes & pour les bestiaux.
C’est là vraisemblablement la rave ou navet que le paysan Limousin appele
Rabiole. Les habitans de Montembœuf font aussi avec quelque avantage le commerce
des bestiaux ; ils élevent un grand nombre de cochons & sur-tout des veaux
qu’ils vont vendre à la Rochefoucault, à Sard près Chabanais, & à Vitrac. (La
suite à un autre Ordinaire.)
ADP, n° 24, du 15 juin 1775, page 99

Suite du Mémoire sur Montembœuf.
Les terres peu fertiles dans le pays plat, le sont extrêmement pour la
production du foin sur les montages & dans les gorges, dont ce pays est
singulièrement coupé. Les fontaines sont fort communes dans ces gorges ; & comme
la pente est très-rapide & très-longue, les habitans ménagent le cours de l’eau
avec tant d’adresse qu’ils lui font souvent faire le tour des coteaux, qui, s’en
trouvant par-là arosés, produisent du foin en abondance, & forment par leur
verdure, presque continuele, le Paysage le plus riant. Les ruisseaux qui ont
parcouru ces coteaux, descendant ensuite avec rapidité à une distance
considérable de leur source, forment par-là des especes de Cascades qui
augmentent encore aux ieux du voyageur curieux & surpris, le charme qu’il trouve
à considérer ces lieu. Pour vous donner une idée de la pente rapide de ces
gorges, je dois vous dire qu’un ruisseau qui prend sa source au dessu de
Mazeroles, fait tourner dans l’espace d’une lieue douze moulins, dont huit dans
l’espace d’une demi-lieue ; la majeure partie a deux roues, quelques-uns à trois
; toutes ces roues sont à Cassetes. Je vous envoie la liste de ces moulins, avec
une espece de description particulier du local. Le canal du ruisseau est
très-peu profond & très-peu large ; il ne doit cette force qu’à sa rapidité & à
l’industrie des habitans, qui ont su mettre à profit le peu de largeur de la
gorge pour former un étang ou écluse, quelquefois deux, devant chaque moulin. Le
ruisseau s’appele Rivaillon ; il prend sa source au dessous du grand chemin de
la Rochefoucault à Oradour-sur-Vayres, à mai gauche, oú il nait d’une petite
fontaine. Tous ces moulins & écluses se succedent, depuis 100 jusqu’à 500 toises
les uns des autres. Je nommerai entr’autres, dans l’ordre qu’ils se succedent,
les moulins de Mazeroles, Fonbelonne, de Broche, de Bossac, Machureau, Michelet,
(Celui-ci est prétendu banal par le Seigneur de Mont-embœuf, actuélement en
Instance à ce sujet avec ses Vassaux, au Parlement de Paris) Puiravaud, la
Maillerie, Vitrac, Samouan, St Vincent, & la Peyrelle : d’oú le dit ruisseau se
jette, à un quart de lieue, dans celui de Bonniere, vis-à-vis le Château de
Chasseneuil. (La suite à un autre Ordinaire.)
ADP, n° 26, du 29 juin 1775, page 110

Suite du Mémoire sur Montembœuf.
On trouve parmi ces moulins, deux petites forges à fer, oú il ne se fait point
de fonte, on en tire des forges voisines, souvent même on y met en œuvre de
vieux pots cassés qu’on ramasse à bon marché dans la contrée, de vieux clous, de
vieilles férailles, des grains de fonte méprisés ailleurs. Toutes ces matieres
sont mises en bâres dans ces deux forges, & deviennent une nouvele preuve de
l’industrie des habitans. On trouve encore dans ces moulins une roue du
méchanisme le plus simple, qui fait tourner une meule à huile avec une rapidité
& une effet surprenans. Je ne vous dis rien des Pierres Luisantes & Feuilletées
qui se trouvent dans la paroisse de Montembœuf, puisque vous en avez déjà parlé,
(Aff. du 18 Août 1774 : ) mais je dois vous observer qu’il y a des endroits oú
la terre semble prendre le feuilleté de ces pierres, & s’y transmuer en quelque
sorte ; cependant au moindre choce elle tombe en poussiere. J’ai vu avec
étonement au milieu des champs & des Châtaigneraies, une quantité de grôs
cailloux blancs dont quelques uns ont la forme d’une cuve. Je ne sais s’ils ne
seroient point de quelque usage dans les verreries à cause de leur grande
blancheur &, pour ainsi dire, de leur transparence. Une chose qui m’a étoné,
c’est que la paroisse de Vitrac qui est, comme je l’ai déjà dit, limitrophe de
celle de Montembœuf, ne lui ressemble pas beaucoup, du moins autant qu’elle le
devroit, pour le terrain. Les pierres y sont fort blanches, & les carrieres oú
en en trouve de très-beaux bancs propres à tailler & à bâtir, y sont
très-communes, tandis que dans l’autre elles sont presque noires ou grisâtres, &
très-peu propres même pour le moëlon à cause de leur feuilleté. (La suite à un
autre Ordinaire.)
ADP, n° 27, du 6 juillet 1775, page 114

Fin du Mémoire sur Montembœuf.
Au surplus, je me suis trompé, en disant que les habitans ne payoient rien au
Roi. Ils payent le Vingtieme & la Capitation ; cette Capitation est même légere,
par considération pour leur anciene franchise & par la stérilité de leur
territoire. On regardoit, il y a 15 à 20 ans, leurs Privilèges d’exemption comme
si étendus, qu’on ne les assujétissoit même pas à la Milice : ils y ont été
assujétis depuis. Une particularité encore remarquable, c’est que le langage de
ces habitans est différent du langage de ceux qui les environent. Il est
extrêmement bref, & presque inintelligible pour ceux qui ne sont pas du pays ;
il a un peu de raport avec le Périgourdin sans être cependant le même. La cause
de cette singularité seroit curieuse à rechercher. Il est possible que cette
contrée soit habitée par les descendans d’une Colonie sortie autrefois du
Périgord ; & c’est peut-être à cette circonstance que tient l’origine de leurs
Privilèges, si on pouvoit en découvrir l’époque précise. Il y a à Montembœuf 21
hameaux ou villages, & 366 feux. Il y eut en 1773, 42 baptêmes, dont 19 garçons
; 45 enterremens, dont 15 du sexe masculin ; & 13 mariages. Il y a eu en 1774,
le même nombre de naissances, dont 21 garçons ; 28 morts, dont 13 du sexe
masculin, & 16 mariages. La paroisse de Vitrac est composée de 34 hameaux ou
villages & de 324 feux. Il y eut en 1773, 44 baptêmes, dont 28 garçons ; 57
morts, dont 30 du sexe masculin, & 15 mariages. Il y eut en 1774, 60 naissances,
dont 32 garçons ; 37 morts, dont 22 du sexe masculin, & 6 mariages. La paroisse
des Pains qui avoisine Montembœuf & Vitrac, & une enclave dans celle de Mestric,
jouissent des mêmes Privileges & relevent également de la Sénéchaussée de
Civray. Il y a en totalité 773 feux & 69 hameaux, y compris les Pains & Mestric,
qui jouissent de l’exemption. On devroit vous donner quelques notes sur la
paroisse de Benest, près Charroux, afranchie de la Taille par Charlemagne, & oú
l’on fait de si belle poterie. Je sais seulement qu’à la mort de chaque Roi, on
fait à Benest, pendant 40 jours, un Service oú tous les Prêtres qui se
présentent sont reçus & payés des deniers des habitans, qui pour cela font un
rôle. On y fait encore tous les ans un Service pour Charlemagne. Je ne sais si
je vous ai fait observer la singularité qui se rencontre à l’égard de ce Prince.
Dans quelques endroits on l’invoque comme un Saint : dans d’autres on lui fait
des Services.
ADP, n° 28, du 13 juillet 1775, page 118

Addition au Mémoire sur Montembeuf.
Nous avons donné dans nos Feuilles des 8, 15, 29 Juin, 6 & 13 Juillet 1775, un
Mémoire aussi curieux qu’intéressant sur la paroisse de Montembeuf, de
l’Election de Confolens, en la Généralité de Poitiers, quoiqu’enclavée dans la
Province d’Angoumois. Nous promîmes alors de faire connoître des Lettres
Patentes que nous citâmes, données au mois de Septembre 1651, & confirmatives
des Privilèges acordés antérieurement à cette paroisse, & dont jouissent aussi
celles de Vitrac, Benest, Biarge & les Pains qui en sont voisines. Voici ces
Lettres Patentes, dont nous consignons la copie dans notre Recueil, comme piece
justificative dudit Mémoire, & apartenant à l’Histoire du Poitou. Nous donnerons
ensuite l’Acte de Notoriété des Officiers de la Sénéchaussée de Sivrai, du 12
Mai précédent, d’après lequel lesdites Lettre Patentes furent rendues.
« LOUIS, par la grace de Dieu, Roi de France et de Navare : à tous présens & à
venir, Salut : nos chers & bien amés les Manans & Habitans des Bourgs, Paroisses
& Jurisdictions de Montembeuf & Vitrac, en notre Justice de Sivrai, en Poitou,
Nous ont fait remontrer que par Lettres Patentes du Roi Jean, du 15 Juillet
1354, & pour les causes y contenues, ils ont été déclarés quites & exempts, eux
& leurs prédécesseurs, de toutes Tailles & Impositions en payant cinq sous pour
chacun feu & autre cinq sous pour les guet, garde & autre services par eux dus à
notre Château & Forteresse de Sivrai, excepté les cas de grandes & urgentes
nécessités pour la garde dudit Château ; de laquelle exemption ils ont bien
dûment joui jusqu’à présent, même ils ont été maintenus & conservés par divers
Arrêts de notre Cour des Aides de Paris, rendus avec les habitans des lieux &
villages voisins, prétendans les comprendre aux rôles & impositions,
spécialement par Arrêt du 17 Octobre 1634, contradictoirement rendu au profit de
François de Livertoux, du village du Breuil, paroisse de Vitrac, contre les
habitans de la paroisse de Cherves ; & deux autres Arrêts du 17 Juin 1635 & 11
Février 1636, rendus au profit des habitans du village de Champoutre,
Jurisdiction dudit Montembeuf, contre ceux de la paroisse de Massignac, qui les
avoient aussi compris dans leurs rôles ; & encore par Jugement de notre amé &
féal Conseiller, Maître des Requêtes ordinaire de notre Hôtel, & Intendant de la
Justice en la Généralité de Limoges, le feu sieur de Corveron, rendu le 21 Mars
1644, au profit desdits bourgs, paroisses, terres & Jurisdictions de Montembeuf
& Vitrac, qui les a déchargé des sommes auxquelles elles avoient été imposées
par les Elus d’Angoulême, pour les Tailles, Subsides & autres levées de l’année
1643. Mas parce que lesdits Exposans n’ont point obtenu confirmation dudit
Privilège, ils craignent qu’on les voulût ci après troubler en la jouissance
d’icelui, s’il ne leur étoit sur ce point pourvu de nos Lettres Patentes,
lesquelles ils nous ont très-humblement fait supplier leur vouloir octroyer ».
(La suite à l’Ordinaire prochain.)
ADP, n° 45, du 7 novembre 1776, page 181

Fin des Lettres Patentes de 1651, concernant les Paroisses de Montembeuf &
Vitrac
« A ces Causes, voulant favorablement traiter lesdits Exposans, & les maintenir
& garder aux Privilèges & Exemptions à eux concédés par nosdits Précécesseurs
Rois, après avoir fait voir à notre Conseil les Arrêts & autres pieces
justificatives de ce que dessus ci atachées sous le Contre-scel de notre
Chancélerie ; de notre grâce spéciale, pleine puissance & autorité Royale, avons
auxdits Exposans continué & confirmé, & par ces Présentes, signées de notre
main, continuons & confirmons ledit Privilège, Exemption & Afranchissement de
toute Taille, Subsides & Impositions, en payant cinq sous par chaque feu &
autres cinq sous pour guet & garde & autres services par eux dus à notre Château
& Forteresse de Sivrai, excepté les cas de grandes & urgentes nécessités pour la
garde dudit Château & de la dite Forteresse, pour en jouir par les Exposans,
ainsi qu’ils ont ci-devant bien & dûment joui & usé, jouissent & usent encore à
présent, pourvu toutes fois que leurs Exemptions & Afranchissemens n’ayent été
révoqués par nos Edits, Déclarations & Arrêts. Si donnons en Madement à nos amés
& féaux Conseillers les Gens tenant notre Cour des Aides à Paris, & tous autres
nos Justiciers qu’il apartiendra, que ces Présentes ils ayent à faire registrer,
& du contenu en icelles jouir & user lesdits Exposans, cesser tous troubles &
empêchemens à ce contraires. Car tel est notre plaisir, & afin que ce soit chose
ferme & stable à toujours, Nous avons fait mettre notre Scel à ces dites
Présentes, sauf en autres choses de notre droit, & d’autrui en toutes. Donné à
Paris, au mois de Septembre, l’an de grâce mil six cent cinquante-un, & de notre
Regne le neuvieme. Signé, LOUIS, par le Roi, de Guenegaud. Registré au Grèfe des
Expéditions de la Grand’Chambre de France, le 18 Septembre 1651. »
ADP, n° 46, du 14 novembre 1776, page 186





RIBARDIERE Françoise

Curiosité : Sage-femmes
Date et lieu :2 juillet 1785 à La Chapelle-Montreuil (86470), FRANCE
Notes :La Chapelle-Montreuil BMS 1783-1792 page 21/107.
Le Deux juillet mil sept cent quatre vingt cinq françoise
Ribardiere femme de François Viault de cette paroisse
a été recue pour exercer l’office de sage femme et a
fait serment entre mes mains suivant la forme
prescrite par le rituel, en foi de quoi j’ai signé le
présent acte les jour et an que dessus
Marty curé de la la Chapelle Montreuil

RIBOT René

Curiosité : Maladies
Date et lieu :24 janvier 1694 à Leugny (86220), FRANCE
Notes :Démence.
RICHARD 01
( Curé)

Curiosités : Epizootie
1749 Tremblement de terre
Date et lieu :11 octobre 1749 à Boussay (37290), FRANCE
Notes :"11 Octobre 1749, il y a eu un grand tremblement de terre qui se fit
sur les sept heures du soir.
Cette présente année, il y a eu en Berry une maladie épidémique sur
toutes les bêtes à cornes. On ignore absolument quelle peut être cette
maladie. On na pû jusque a present y trouver de remèdes et a present
que jécris elle est aux portes de la Touraine"
Signé: Richard, curé de Boussay
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Boussay en 37:
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